Premier passage en Bolivie

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Nous longeons la côte chilienne nord, monotone et désertique avec comme objectif de rejoindre au plus vite La Paz en Bolivie, où nous attendent nos amis allemands. Quelques arrêts mémorables, comme ce bivouac au bord de l’eau (ceux qui ont des bons yeux trouveront Solaris…)

ou encore Humberstone, cette ville fantôme datant de l’époque des mines de salpêtre et aujourd’hui transformée en passionnant musée.

La rue piétonne d’Iquique a beaucoup de charme également, pourtant nous ne voulons pas y dormir du fait de la réputation dont souffre cette ville.

Réputation que l’on va d’ailleurs tester à nos dépens quand en plein embouteillage, la porte du camping-car s’ouvre violemment et que deux mains agrippent mon ordinateur que stupidement je tenais bien en évidence sur mes genoux… J’ai le bon réflexe de ne pas lâcher l’ordinateur et pendant les quelques secondes que durent l’incident, je suis partagée entre l’envie de refermer la porte et la constatation que je ne peux le faire sans perdre l’ordinateur. Heureusement la route se dégage et on peut avancer, en laissant les deux larrons bredouilles. Plus de peur que de mal, mais les enfants sont très impressionnés et je crains qu’ils ne fassent des cauchemars.

Pour rejoindre La Paz, il nous reste un dernier passage de col, celui du Chungara à 4680 mètres. La route traverse les très beaux paysages du parc national Lauca, dominé par des volcans enneigés parfaitement coniques.

Malheureusement les nombreux travaux rendent le trajet long et particulièrement pénible. Les files interminables de camions nous laissent perplexes… Il semble qu’un quota horaire régule leur passage.

Arrivés à la frontière on n’est pas loin de se croire au bout de nos peines. Erreur, car les douaniers d’ici ne voient apparemment jamais passer de véhicules particuliers. Les innombrables camions qui relient Arica à La Paz dédouanent en moins de 10 minutes, mais force est de constater que les douaniers boliviens ne savent que faire de nous. Ils nous réclament un formulaire d’autorisation de transit dont je n’ai jamais vu la couleur, quand je leur explique que nous voyageons depuis 7 mois en Amérique du Sud sans ce document et sans problème, ils s’étonnent et me demandent si nous faisons parti d’un corps diplomatique quelconque. Bref, ils sont paumés… Ils finissent quand même par conclure que nous n’avons pas besoin de ce document, mais se vengent sur la vérification du véhicule en comparant 10 fois le numéro de châssis (celui dans la porte ne leur suffit pas, il faut leur trouver celui qui est gravé dans le moteur…) Finalement nous obtenons les tampons magiques qui marquent notre entrée en Bolivie!

On arrive enfin à La Paz dans le parking de l’hôtel Oberland, très connu des voyageurs motorisés au long cours et tenu par un Suisse. On y retrouve avec joie nos amis allemands qui y sont déjà depuis quelques jours, ainsi que des bretons qui voyagent en Defender avec deux enfants! Au programme, arrosage de mousse, diabolo, jeux de cartes et de cache-cache pour les enfants, discussions et pisco sour pour les grands.

Nous profiterons de cette halte pendant cinq nuits, le temps de visiter la vallée de la Lune et ses formations géologiques extra-terrestres qui donnent le vertige à Alexis, de manger une vraie fondue suisse et bien sûr de visiter la bouillonnante La Paz.

Je peine pourtant à reconnaître la ville que j’ai connue il y a 12 ans, tant elle s’est modernisée. Une série de téléphériques flambants neufs permet de survoler cette impressionnante cuvette de 1000 mètres de profondeur. Ce « métro aérien » a permis de désenclaver efficacement les quartiers excentrés.

Dans les rues, de vrais magasins vendent de vraies chaussures de marques internationales et ça me laisse bouche-bée, tant je me rappelle avoir cherché des heures pour me racheter des chaussures sans succès. Bien sûr, les gens vendent toujours tout et n’importe quoi à même les trottoirs mais le resemelleur qui travaille avec des découpes de pneus pour réparer vos chaussures côtoie maintenant Bata!

Des métiers chez nous oubliés depuis plusieurs générations s’exercent ici en pleine rue, de l’écrivain public au cireur de chaussure, en passant par la fileuse de laine et les changeurs de devises.

Bref, le dépaysement reste garanti et on trouve toujours des foetus de lama séché dans le quartier du « marché aux sorcières », même si cette tradition des indiens Aymara d’enterrer un de ces foetus sous sa maison se fait de plus en plus discrète. C’est pas « cherchez Charlie », c’est « cherchez le foetus de lama » sur la photo ci-dessous…

Les chapeaux melon et les grosses robes n’ont quant à eux pas encore succombé à la mode occidentale, même si les plus jeunes semblent avoir massivement adopté le jean.

Nous ne pouvons pas quitter la région sans visiter le site de Tiwanaku, civilisation qui précéda les Incas et domina la région pendant pas moins de 2000 ans. Nous en profitons pour (re)lire Tintin et le Temple du Soleil dont nous reconnaissons les symboles prétendument Inca…

Nous dormirons sur le parking du site et aurons la joie de devenir l’attraction des enfants du village qui viennent essayer nos vélos et nous montrent l’art du portage de bébé… Alexis donne des cours de diabolo à un petit garçon, qui se révèle si doué que Luca, le fils des allemands, lui offre un de ses diabolo!

Après avoir essuyé une tempête de grêle aussi violente que brève, nous prenons la direction de Copacabana, ultime étape avant de passer au Pérou.

La traversée de nos camping-cars sur une barge du lac Titicaca nous donne quelques sueurs froides et nous devenons vite l’attraction locale.

Malheureusement, la descente un peu sportive de la barge plie notre pot d’échappement et l’arrache de son support… Fabrice en est quitte pour rafistoler le tout comme il peut, en attendant mieux.

Depuis Copacabana, nous embarquons pour l’Isla del Sol et passons les deux heures de traversée sous une pluie battante. L’idée de traverser entièrement l’île à pied en pique-niquant au milieu semble soudain bien moins lumineuse qu’hier… Heureusement le dieu soleil Inti veille sur nous et 15 minutes après avoir débarqué, il chasse les nuages et s’impose en maître pour le reste de la journée. L’île du soleil n’a pas failli à son nom!

Notre bivouac à Copacabana, vu du ciel…

Avant de quitter Copacabana, je tiens absolument à assister à la bénédiction des voitures devant la superbe cathédrale de la ville.

J’ai beau avoir recours à toute mon imagination, je ne peux pas m’imaginer à quoi une telle cérémonie peut ressembler! On ne va pas être déçus… Des dizaines de voitures et de mini-bus sont là, décorés de fleurs et de guirlandes, à attendre leur tour. Le prêtre passe d’un véhicule à l’autre en agitant une sorte d’encensoir, les personnes envoient des poignées de pétales sur le véhicule et l’aspergent ensuite de bière ou de mousseux, non sans avoir au préalable renversé une rasade d’alcool par terre pour la Pachamama. Ils font ensuite exploser des pétards, en trinquant à la santé de leur véhicule désormais immunisé contre les accidents… Cet exemple de syncrétisme religieux mélangeant la symbolique du baptême chrétien aux traditions indigènes me laisse abasourdie et songeuse. 

Les indiens se sont appropriés la religion catholique à leur manière, et c’est tant mieux!

Je ne peux pas clôturer cet article sans parler d’une spécificité typiquement bolivienne particulièrement désagréable: la vente d’essence aux étrangers. Ici, le prix de l’essence est subventionné par le gouvernement… pour les boliviens. Du coup, avec une plaque étrangère, on se retrouve à payer 3 fois plus cher (typiquement on passe de 3.7 Bol/litre à 8.7 Bol/l). Souvent, on vous propose un « prix d’ami » autour de 5 ou 6 Bol/litre… à condition de ne pas demander de facture. Et hop, la différence va directement dans la poche du gars! Mais il peut aussi tout à fait arriver que l’on refuse de vous servir… Une solution peu pratique, mais relativement efficace, c’est de se présenter avec son bidon à remplir et de garer le véhicule plus loin pour éviter le problème de la plaque d’immatriculation étrangère. Bref, autant dire que pour faire le plein, il faut être prêt à de looongues discussions, s’armer d’une bonne dose de patience et surtout ne pas attendre le dernier moment!!!

Si vous ajoutez à cela la pire qualité de gasoil de toute l’Amérique du sud, le tableau hydrocarbures est complet. Malheureusement notre Solaris tout neuf supportera très mal cette essence contenant trop de souffre et d’impuretés et cela nous vaudra une erreur moteur avec une dramatique perte de puissance qui nous conduira tout droit dans un garage Renault à la sortie de la Bolivie, où un changement du filtre gasoil s’avère nécessaire (heureusement nous en avons apporté deux de rechange!). On en profite pour y faire redresser notre pot d’échappement malmené à Copacabana. Deux heures et demi plus tard, le responsable du garage refuse tout net de nous faire payer et nous souhaite bon voyage en offrant des figurines aux enfants!!!! On croit rêver…

On quitte provisoirement la Bolivie, marqués par le mélange de sentiments contradictoires que ce pays suscite immanquablement, entre fascination, incompréhension et énervement. Nous y reviendrons dans quelques semaines pour tenter de mieux comprendre ce peuple, aussi attachant dans sa différence que perturbant dans sa précarité.

 

 

2 réponses

  1. Steiner (-Delémont)
    | Répondre

    Merci très beau reportage une fois de plus.. pas trop de cauchemars les enfants ?
    Bisousssssss..
    Nicodeco

  2. Wehbe Wael
    | Répondre

    Un petit coucou de Marseille à tous les 4 : on voit que vous vous amusez toujours autant et que les péripéties sont nombreuses. De notre côté, c’est un peu plus calme bien que nous ne voyons le temps passé avec la préparation du bac de Julie, les dossiers pour l’année prochaine en école d’art de la mistinguette, mon changement d’établissement (passage en lycée technique) et ce fichu quotidien occidental. Diane et Alexis ont bien grandi : ça va faire drôle quand on va vous revoir. A ce propos, vous serez rentré dernière semaine d’ août : on va en Haute Savoie, on pourrait faire un saut en Suisse. Bisous et prenez soin de vous. Aziza, Julie et Waël

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