Premier passage de frontière peu glorieux…

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En route pour la frontière, nous faisons halte à Colonia de Sacramento, jolie petite ville aux rues pavées et aux maisons ocres qui a gardé son charme colonial d’antan et qui, malgré son indéniable attrait touristique, respire la douceur de vivre à chaque coin de rue. 

Nous passons la frontière à Fray Bentos, après avoir remonté le Rio Uruguay sur une centaine de kilomètres. Nous passons plus d’une heure en formalités administratives pour recevoir les tampons adéquats pour la sortie d’Uruguay de notre camping-car et son entrée en Argentine. Avec application, je me suis débarrassée de tous nos pesos uruguayens au dernier kiosque avant la frontière. Grave erreur… Quand nous sortons enfin des postes de douane, une femme dans une guitoune au milieu de la route contrôle nos documents, il nous manque apparemment encore un tampon, (rien de grave, on va retourner le demander au douanier négligent) et nous dit qu’il nous faudra payer 8$ de péage juste après… Bon. En Europe pas de problème, tu sors ta carte de crédit et l’affaire est réglée. Sauf que là, exclu de payer les péages en carte… Et nous n’avons plus un sou en poche, ayant méthodiquement dépensé les derniers pesos en stupides chips et biscuits inutiles. On nous annonce qu’il faut faire demi-tour, et retourner à Mercedes à 50 kms pour trouver un distributeur. Et refaire toutes les formalités pour ressortir d’Argentine, puis re-rentrer en Uruguay, et ensuite rebelote ressortir d’Uruguay et re-rentrer en Argentine. Je n’arrive pas à m’y résoudre, cela me semble trop stupide pour qu’il n’y ait pas un autre moyen. Il y a un petit magasin de détaxe entre les deux douanes, et je crois avoir la solution. Je leur propose d’acheter quelque chose, de payer 8$ de plus en carte et de recevoir cet argent en liquide à la place. Rien à faire, impossible, cela fausserait apparemment leurs comptes. Je propose alors à un couple de clients de payer leur achats avec ma carte et qu’ils me donnent l’équivalent en liquide. Sauf que pour payer en carte, il faut dépenser plus de 50$ et ce n’est pas leur cas. Mais une fois que la cliente a compris mon problème, elle sort 10$ de son porte-monnaie et me les donne en disant que je lui offrirai un café si une fois on se retrouve en Suisse!!! Je ne sais comment la remercier… Je cours au camping-car en brandissant mes 10$ toute heureuse de ne pas devoir faire demi-tour. On arrive au péage euphoriques, et là douche froide: on nous demande 28$. C’est une blague ou quoi??? Leur système automatique a détecté nos roues jumelées à l’arrière et nous classe directement dans la catégorie des camions… (C’est d’ailleurs la seule fois en Argentine où on nous considèrera comme camion…) Entre temps, la nuit est presque tombée et nous avons avancé de moins de 100 mètres: du poste de douane au poste de péage! A nouveau bloqués, je fais descendre les enfants (histoire de forcer la sympathie… ou la pitié!) et je raconte mon histoire des 10$ qu’une femme charmante vient de m’offrir pour que nous ne soyons pas bloqués, qu’on nous avait annoncé 8$ seulement, que nous étions si soulagés de les avoir trouvés pour finalement se trouver quand même bloqués, c’est vraiment trop injuste (je fais super bien Calimero dans ces cas-là…) Bref, après 30 minutes de ce petit jeu où le sous-chef s’en ai mêlé en m’expliquant que comme la détection de la catégorie est automatique ils ne peuvent pas biaiser le système, que son chef venait de partir et qu’il ne pouvait rien faire, ils ont fini par craquer et nous ont laissé passer pour 8$. Faut dire qu’on bloquait une station de péage et que nous avions l’air bien décidés à dormir là jusqu’à ce qu’on trouve une solution… Tout plutôt que de rebrousser chemin…

Voici donc notre entrée fracassante en territoire argentin, à faire la manche sur l’autoroute sans un sou en poche, en vrais Suisses qui s’imaginent encore qu’une Visa Gold peut résoudre tous les problèmes… Dans ce cas, la Visa n’a servi à rien, mais la générosité des Argentins est démontrée et ne sera jamais démentie par la suite…