Les baleines de Valdès

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On attendait cette étape presque aussi ardemment que les Galapagos, on ne va rien regretter… La dernière ligne droite fut éprouvante, plus de 5 heures de route, et impossible de trouver à s’arrêter. De longues routes absolument rectilignes et bordées de barbelées rendent tout bivouac impossible. Nous avons le choix entre se dérouter de plus de 70 kms sur des pistes hasardeuses pour bivouaquer au bord de l’océan ou maintenir le cap sur Puerto Madryn, la ville d’entrée dans la Péninsule. Le bivouac dont j’ai les coordonnées GPS (qui se révèleront heureusement parfaitement précises) est juste avant Puerto Madryn, au bout d’une piste de 15km que nous ferons de nuit, pas trop sûr de ce que nous trouverons au bout…

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Au réveil, la surprise est totale, le site idyllique, la mer bleue profond et.. les baleines à quelques mètres de nous batifolent dans l’eau avec leurs petits!!! Elles se mettent sur le dos, apparemment quand elles en ont marre d’allaiter. Les petits sautent dans les vagues ou font des pirouettes ou des effets de nageoires. Leur ventre blanc et noir nous les font d’abord prendre pour des orques.

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On en voit une vingtaine, certaines sont si proches du bord que l’on a peur qu’elles s’échouent. L’expérience de marcher sur la plage, à quelques mètres de ces monstres marins, exactement à leur niveau et à leur rythme sur plus d’un kilomètre est une expérience hallucinante.

Alexis et Diane sont surexcités « C’est le plus beau jour de ma vie! » nous lancera Alexis, infatigable malgré les kilomètres parcourus à suivre les baleines.

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On apprend qu’entre septembre et octobre ce sont plus de 250 baleines qui sont dans le golfe avec leurs bébés! A tel point que les sorties en bateau sont interdites car trop dangereuses, à la fois pour les bateaux et pour les baleines. Mais le plus grand danger pour les baleines ici, ce sont… les mouettes! Elles piquent leur dos pour se nourrir de morceaux de peau, ce qui leur crée des lésions promptes à s’infecter. Horribles mouettes, c’est pire que Les Oiseaux de Hitchcock!

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Nous nous installons pour une dizaine de jours à Playa Pardelas, dont nous ferons notre base pour rayonner sur les centaines de kilomètres de pistes de la péninsule. En théorie, le camping sauvage n’est pas autorisé dans la baie, en pratique ce sont les rangers du parc eux-mêmes qui nous ont indiqué l’endroit.

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La plupart des visiteurs visitent la péninsule dans la journée ou logent dans le minuscule village de Puerto Pyramides, qui nous servira de base arrière pour nous ravitailler en eau et en produits de base. Le week-end, ses habitants viennent profiter de la plage et leurs enfants jouent avec les nôtres.

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Fabrice attendra les conditions idéales plusieurs jours avant de pouvoir saisir le ballet nautique des baleines vu d’en haut. Regarder ces baleines évoluer depuis le ciel est un spectacle d’une beauté saisissante.

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Ce que nous comprenions mal depuis le bord (est-ce une nageoire ou un bout de queue, elle fait quoi là, y’en a combien? etc…) s’éclaire d’un jour nouveau et prend tout son sens. Nous voyons clairement le baleineau tourner autour de sa mère, la suivre, se placer perpendiculairement à son flanc pour téter de longs moments avant de disparaître d’un coup de queue dans les profondeurs turquoises. Saisir ainsi discrètement les moments d’intimité du plus grand mammifère est une expérience unique et bouleversante.

Mais il n’y a pas que des baleines à Valdès… Nous partons faire le tour de la péninsule. Premier arrêt, Punta Cantor et sa colonie de manchots de Magellan. Ils sont craquants avec leur démarche chaloupée et leur air de sortir d’un dessin animé de Disney! 

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Euh pardon, je voulais parler de ceux-là bien sûr… 

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C’est bientôt le début de la saison de l’éclosion des oeufs et les parents se relaient pour couver le nid dans le terrier, où ils reviennent pondre chaque année.

 

Après les manchots, cap sur les éléphants de mer de Punta Norte. Plus massifs, et à mon goût moins craquants, ils se font vite voler la vedette par un groupe de huit orques dont on voit passer les ailerons au large. 

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C’est ici que ces terribles prédateurs marins viennent chasser le bébé phoque entre janvier et avril. Ils se laissent porter jusque sur la plage, prenant le risque de s’échouer pour croquer la chair tendre des bébés affolés… Spectacle naturel cruellement grandiose pour qui a la chance d’y assister, et qui stimule fortement l’imagination de notre fils!

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Des étoiles plein les yeux, nous rallions notre bivouac avant la tombée de la nuit et les enfants, inspirés par ces beautés naturelles, se précipitent sur leurs feutres et crayons pour immortaliser les héros du jour.

Vu par Alexis:

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Vu par Diane:

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Drôle de lieu quand même que cette Playa Pardelas, point de rencontre des voyageurs alternatifs… Certains y ont passé jusqu’à trois mois! Communauté que peu de choses à priori rassemble, sauf le lieu. Chacun chez soi, dans sa voiture, son van, son camping-car, son 4×4, et pourtant tous ensemble, à l’apéro, au goûter, à scruter l’horizon pour trouver les baleines.

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Nous ne savons que peu de choses les uns des autres, à part nos destinations passées et futures. Le reste de ce qui constitue d’habitude nos vies, notre travail ou nos loisirs, apparaît sans importance ici.

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Ce que l’on sait par contre, c’est le bon mécanicien capable de trouver pourquoi ton Delco péclote, celui qui connaît les points de ravitaillement en eau ou encore celui qui a les meilleures astuces de désensablage! Loin de tout, une mini-communauté internationale se recrée, mono-maniaque du voyage. Spontanément après quelques jours, les uns se chargent de ravitailler les autres en pain ou en oeufs, des tours de garde s’organisent entre les familles qui ont de tous petits enfants (impressionnant le nombre de famille qui voyage avec des bébés!), les pré-ado jouent les protecteurs envers les plus petits, les jeux et les livres s’échangent au même titre que les gâteaux ou les cafés. Certains préfèrent s’isoler un plus loin, au plus près des éléments… 

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Retrouver cette ambiance familiale et plutôt conventionnelle – à mille lieux de toute ambiance hippie contestataire – dans cette communauté de voyageurs qui ont tout laissé pour parcourir les routes est assez déconcertant! Au sein de ce groupe, la question du pourquoi partir est sans objet. Vous la leur poseriez qu’on vous regarderait avec de grands yeux étonnés. La vrai interrogation ici est clairement « pourquoi rester si on peut partir? » Le départ est l’évidence, le mystère le non-départ.

Nous passerons notre dernière journée sur la salina chica qui se trouve au centre de la péninsule…

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… et notre dernière nuit à Playa Laralde, où des pêcheurs nous offrent des crustacés en échange d’une bière même pas fraîche. Cadeau empoisonné que ces coquillages! Peu doués, nous passons la soirée à les préparer, avant de se régaler d’un plat de spaghettis aux coquilles Saint-Jacques! Miam, il était mérité celui-là…

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4 réponses

  1. Damien
    | Répondre

    Je reconnais le dessin de Diane! C’est ma carte postale! Elle est vraiment magnifique!
    signé: Parrain super fier de sa filleule 🙂

  2. Jean-Bernard
    | Répondre

    Excellents films et reportages fabuleux. Les baleines vues d’en haut: la baleine et son baleineau est le meilleur reportage que je connaisse. Bravo. C’est du vrai pro. Et la photo avec Véro portant Alexis sur la main. Je vois que vous cultivez votre humour!! Nous sommes très contents pour vous et très fiers aussi. Comme Papiric, j’ai envie de vous rejoindre. Pour le moment je le fais le soir, en pensant à vous, en m’endormant. Bonne suite. JB

  3. Mamiçoise
    | Répondre

    Magnifique en effet ! rien de plus à ajouter …

  4. Papiric
    | Répondre

    Magnifique reportage, je suis ébloui. C’est vraiment fascinant. Ce que je sais, c’est que j’irai visiter ces lieux paradisiaques : je ne sais pas quand, je ne sais pas comment, je ne sais pas avec quel véhicule, je ne sais pas avec qui, seul peut-être, mais j’irai… si Dieu me laisse le temps… je vais le lui demander par email.
    Le reportage aérien sur les baleines est splendide, la démarche balourde des manchots est géniale. J’aime beaucoup la photo des trois passionnés qui regardent à travers leurs jumelles respectives. J’adore les dessins d’Alexis et de Diane sur cette vie animale, bravo à eux, je les embrasse très fort.
    Bravo encore d’un Papi admiratif

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