Du désert à la glace

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Pris d’une impulsion soudaine, nous interrompons notre descente vers le sud pour mettre le cap plein ouest. A quoi ça sert la liberté, si ce n’est à s’écarter du plan tracé en reconsidérant toutes les options que la route nous offre… Nous traversons donc l’Argentine en 4 heures de piste poussiéreuse et caillouteuse, mais étonnamment exempte de cette terrible tôle ondulée qui fait entrer en résonance chaque vis de  Solaris.

Nous croisons peu de signes de présence humaine. La piste serpente dans des paysages arides, dont la démesure semble peu faite pour accueillir l’homme. Quoiqu’Alexis y semble assez à son aise… 

Même les arbres ont fini pétrifiés ici… Le parc naturel « Monumento Natural Bosques Petrificados » nous ramène 150 millions d’années en arrière, quand les éruptions volcaniques ont décimées les forêts d’araucarias, avant que les pluies couplées à la silice des cendres ne pétrifie le bois de ces arbres préhistoriques… qui nous sont ainsi parvenus, fossilisés mais intacts.  

Il y a quelque chose d’émouvant à observer le détail de chaque veine de bois de ces impressionnants mastodontes, dont les feuilles ont nourris les dinosaures du Jurassique!!! Aujourd’hui, ils ne servent plus que de rocking chair à notre mascotte Potam… Sacrilège… Il en profite même pour flirter avec un lézard, le coquin!

 

Nous rejoignons enfin la célèbre Ruta 40! Et nous célébrons le retour du bon bitume bien lisse par une bonne cerveza bien fraîche… 

Les paysages de la route 40 entre El Chalten et El Calafate sont grandioses. Ca tombe bien, nous referons cette route en remontant vers le nord dans quelques semaines… 

Après le feu de la traversée du désert, la glace nous attend… Le glacier le plus célèbre au monde est en effet au bout du chemin: le fameux Perito Moreno. 

On va l’approcher petit à petit, histoire de faire durer le plaisir de la découverte. En arrivant à El Calafate, il ne fait pas beau et ça tombe bien: une visite au Glaciarum pour tout comprendre sur les glaciers s’impose.  

Le lendemain, nous campons près du lago Roca, idéalement situé pour partir en randonnée sur le cerro Cristal. L’ascension nous fait découvrir le Perito Moreno de loin. Drapé dans sa blancheur vespérale et nimbé de brouillard semblant protéger sa pudeur, il se laisse deviner peu à peu, lorsque le vent indécent déchire un pan de sa robe brumeuse. La contemplation du vol de trois condors parachève superbement cette journée d’approche… 

Encore une journée et nous entrons enfin dans le parc dédié au glacier. On l’approche petit à petit, au fil des passerelles qui le surplombent. On l’observe sous toutes ses coutures, fouillant chacune de ses failles aux jumelles pour tenter de deviner le prochain bloc qui se détachera.  

 

Vers midi, nous décidons d’embarquer sur le Southern Spirit pour le contempler du bas de ses 70 mètres de hauteur. 

Le bateau contourne les icebergs, preuves certaines de ces pans de glacier qui, régulièrement, se détachent de la masse dans un gigantesque éboulement de glace, offrant à l’observateur chanceux (i.e. nous…) un spectacle son et lumière saisissant.

 

Car l’expérience n’est pas seulement visuelle: on entend le Moreno gronder, rugir, gémir. Cette masse imposante semble souffrir tel un géant à qui chaque pas arracherait un inquiétant grondement sourd. C’est qu’il avance ce glacier… Avec près de 2 mètres par jour, c’est un des rares glaciers (le seul?) qui ne soit pas en recul. 

Que dire de plus? Le parc est ouvert de 8h à 20h. Nous y restons, scotchés dans la contemplation de cette splendeur de la nature, de 8h05… à 20h02. No comment.

 

 

Une réponse

  1. Mamiçoise
    | Répondre

    Gigantesque et poétique …

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