Navidad al fin del mundo

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Après Torres Del Paine, Punta Arenas est une halte qui n’a rien de romantique, avec une intense activité commerciale, boostée par son statut de zone franche. Nous n’y restons que le temps de refaire les pleins de nourriture, eau et essence et de réserver le ferry qui doit nous amener en Terre de Feu. La ville est plus belle depuis les hauteurs avec ses toits d’un bleu aussi intense que celui du détroit.

Le détroit de Magellan s’étend face à nous.
— Mais elles sont où les vagues triangulaires? nous lance un Alexis sceptique quand on lui annonce que nous sommes arrivés au fameux détroit qui a nourri son imaginaire d’enfant depuis plusieurs mois.
— Je comprends vraiment pas comment ils ont fait pour faire naufrage! renchérit Diane, scandalisée.
C’est que le détroit est d’un calme qui contredit aujourd’hui toutes les histoires entendues à son sujet… Nous dormirons sur le parking d’embarquement face au ferry qui s’embrase dans le soleil couchant.

Le plus compliqué pour traverser ce terrible détroit sera de réussir à embarquer Solaris sur un ferry dont la rampe d’embarquement ne semble pas prévue pour des véhicules dépassant les 7 mètres de long… Grâce à une approche de biais, et guidés par le responsable de quai, l’arrière passe sans toucher, à quelques cm près du bitume…

2h30 plus tard, nous débarquons en Terre de Feu dans la petite ville de Porvenir. « Seuls passent ici les routards au long cours » selon le Guide du Routard… Nous croisons en fait surtout des ornithologues, attirés par la colonie de manchots royaux présente depuis quelques années à 120 km au sud de Porvenir et en constante augmentation.

A ne pas confondre avec les manchots empereurs (Attention au crime de lèse-majesté!) que l’on trouve uniquement en Antarctique et qui sont un peu plus grands, même si ces manchots royaux avec leur mètre de haut ont déjà une taille respectable… Et une noblesse incontestable…

Peu pressés comme à notre habitude, nous passerons la nuit avec eux. Le site a incontestablement plus de charme une fois les bus de touristes partis… Et nos amis allemands nous ont rejoint, eux qui remontent d’Ushuaia! Soirée de retrouvailles où nous réussissons à manger à 9 dans Solaris… La soirée s’éternise entre conseils à donner pour la suite de nos voyages respectifs et résumé des péripéties des dernières deux semaines. Il est 1h30 quand la dernière goutte de la bouteille de Pisco nous rappelle l’heure tardive!

Le lendemain, nous reprenons notre périple en Terre de Feu. Nous ne faisons plus que de la piste, très bonne coté chilien, carrément ondulée côté argentin. Nous passons la frontière à un poste de douane minuscule, après avoir traversé un pont (en fait deux planches de bois jetées par-dessus la rivière) encore plus minuscule. Ca passe tout juste, il reste 1 cm à peine de chaque côté des roues!

Douane du bout du monde, route de la fin du monde, tout ici nous rappelle que nous arrivons au bout. Au bout de quoi??? Drôle de notion vraiment, à croire que depuis Copernic, on n’a toujours pas intégré que la Terre était ronde… Mais sceptique ou pas, vu qu’on en est si proches, la tentation d’aller voir au bout de ce bout de terre est la plus forte. Plus forte en tout cas que la profusion de panneaux « ruta del fin del mundo » qui semblent nous avertir qu’il est encore temps de faire demi-tour… Sensation encore renforcée par les panneaux « Voie d’évacuation Tsunami » qui jalonnent les routes depuis Punta Arenas!!!

Arrivés à Ushuaia, nous n’avons qu’une idée en tête, la quitter. Une foule compacte occupe ses rues de boutiques de souvenirs tandis que le parking où se retrouvent les « overlanders » comme nous est bruyant et bondé. La beauté de la ville réside entièrement dans la rencontre unique des derniers contreforts des Andes avec les eaux du canal de Beaggle 

Malgré une invitation généreuse et spontanée à rejoindre les autres voyageurs pour fêter Noël dans une salle louée pour l’occasion, nous décidons de gagner le Parc Naturel Tierra Del Fuego… Nous entrons dans le parc le 23 décembre au petit matin, pas fâchés d’échapper à la folie commerciale de ces fêtes et à l’agitation un peu artificielle de cette ville. Seuls au milieu du parc, la nostalgie d’être loin de nos familles se ressent mais la magie du lieu opère et nous fait passer un Noël inoubliable entourés de lacs, de forêts de Nire, de tourbières ocres et de sommets majestueux.

Nous ne sommes sûrement pas au bout du monde, mais par contre on n’est pas loin de s’y croire seuls dans ce monde!

Autant la journée du 23 fut chaude et ensoleillée et nous permit d’explorer le parc toute la journée, autant ce matin du 24 est gris, pluvieux et venteux. Nous en profitons pour faire la grasse matinée, récupérer des kilomètres de marche de la veille et cuisiner de bons gâteaux pour le réveillon. Il ne nous manque qu’un bon feu de bois que Diane qui ne se laisse pas arrêter si facilement dans ses projets, propose de faire… dans le four!

Le lendemain matin, les enfant surexcités découvrent que le Père Noël, malgré tous nos efforts pour se cacher, nous a quand même trouvé et Solaris résonne longtemps de leurs cris de joie et de surprise…

En cette belle matinée de Noël, le soleil est revenu, la lumière est incroyable et nous découvrons que les sommets alentour se sont couverts d’une fine couche de neige pendant la nuit.

Nous partons explorer les bords de la bahia Lapataïa en longeant pendant plus de 4 heures le superbe sentier côtier qui serpentent entre forêt de lengas et plages de gros cailloux lisses. Les enfants résistent étonnamment bien à ces quelques 10 kilomètres de marche!

La visite de la poste du bout du monde clôt joliment ces trois jours de découverte.

Le postier est un mythe à lui tout seul, apposant de multiples tampons sur les cahiers de voyage et les passeports des enfants dans un cérémoniel délicieusement suranné. Tombé amoureux de l’endroit, voilà 20 ans qu’il a sollicité l’autorisation d’y ouvrir le bureau de poste le plus austral au monde. Pari fou mais pari gagnant puisqu’il a réussi à faire de cette simple cabane en tôle un lieu mythique, chaleureusement décoré d’objets postaux de collection, et devenu depuis un lieu de passage incontournable.

 

 

 

2 réponses

  1. Audrey & Laurent
    | Répondre

    Jolie algue Véronique !
    Nous avons hâte de voir la suite après les photos magnifiques du bout du monde que vous nous faites partager.
    J’imagine qu’un tel dépaysement vous êtes d’autant plus motivé pour la suite !
    Bonne et heureuse année 2017 qui s’annonce bien heureuse pour vous.
    Audrey&Laurent

  2. Mamiçoise
    | Répondre

    Inoubliable Noël !

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