Isabela, la belle

with 4 commentaires

Click here to discover all Galapagos pictures

 

Après deux semaines sur Santa Cruz, la bougeotte nous titille à nouveau et on décide de passer la dernière semaine sur Isabela. Il y a deux liaisons journalières depuis Puerto Ayora  pour un prix de 30$ par adulte et ça semble bien organisé. J’imagine une ligne régulière avec un bateau transportant une centaine de passagers, mais surprise, il y a en fait une myriade de petits bateaux transportant 16 à 20 personnes maximum. On embarque donc sur le nôtre et c’est parti pour deux heures de navigation – en théorie. Alexis est surexcité en voyant les trois moteurs de 200cc. Il en déduit qu’on va naviguer à 600km/h, et le départ à pleine puissance est effectivement décoiffant… 

 

En pratique, nous allons vite déchanter car nous perdons un moteur après 20 minutes de navigation et malgré plusieurs tentatives pour le redémarrer, nous finirons la traversée avec un moteur en moins, passablement arrosés, et après trois bonnes heures de mer au lieu des deux annoncées! Pour tout arranger, le bateau est archi-plein et une jeune femme sujette au mal de mer passera la moitié de la traversée penchée par-dessus bord… 

A l’arrivée sur la terre ferme, on opte pour un hostel correct et bien situé à 3 minutes de la plage et du centre ville…

Après avoir découvert les environs, Diane décrète qu’elle aurait préféré être dans l’hôtel qui donne directement sur la plage… Ben voyons!

Une fois rassasiés et remis des émotions de la traversée, nous décidons d’aller explorer la région en snorkeling. Après avoir enjambé plusieurs otaries sur le joli chemin qui traverse la mangrove, on arrive à Concha de la Perla. A peine met-on la tête dans l’eau que nous tombons nez à nez avec un bébé otarie farceur, puis ce sont deux immenses tortues qui mangent une bonne salade d’algue sans se préoccuper de nous le moins du monde…  

Ici plus encore qu’à Santa Cruz, nous vivons avec l’impression permanente d’être des invités privilégiés dans l’observation de ce monde naturel. Les animaux ne s’occupent guère de nous, ce sont évidemment eux les maîtres des lieux, la question ne se pose même pas. 

 

Dans ce paradis de la nature, il faut regarder où on met les pieds, et où on pose ses fesses… Le plus grand risque pour les iguanes c’est en effet de se faire marcher dessus par un touriste distrait, tant le noir de leur peau se confond avec la couleur de la lave. Pour une otarie, c’est de servir de coussin à quelque touriste interloqué, tant est inattendu de trouver des otaries vautrées sur des bancs en pleine ville…

C’est pourtant ici une scène de la plus grande banalité: les rôles sont même à ce point inversés qu’il nous sera souvent impossible de trouver un banc libre près de la plage, ceux-ci étant quasiment tous squattés par les otaries! Et les humains s’assoient donc par terre en attendant que l’un d’eux se libère… Mais on a aussi vu des otaries délaisser leur banc pour venir bronzer à nos côtés…

S’il nous fallait une preuve supplémentaire du statut sacré de la nature aux Galapagos, l’église de Puerto Vilamil va nous l’apporter… Ici, point de christ, de vierge ou d’apôtres sur les vitraux, mais des otaries, des iguanes, des fous et des flamands roses!!! Quand on vous dit que la nature est partout…

Puerto Vilamil est le seul village habité de l’île avec ses quelques 2000 habitants. Le village est minuscule mais charmant, et on y trouve tout le nécessaire. Les routes sont en terre, bordées de palmiers et le bus local est très… local!

Le lendemain, je pars en éclaireuse à Los Tuneles qui nous a été décrit comme LE lieu de snorkeling des Galapagos: « Quand tu mets la tête dans l’eau, tu as instantanément l’impression d’être dans un aquarium » nous explique un moniteur de plongée… Ca promet! Fabrice et Alexis iront le lendemain, car la sortie n’est pas intéressante pour Diane qui ne fait pas de snorkeling.

Ca commence par une longue navigation sur mer agitée, pendant laquelle on a l’impression d’être dans une attraction à la Europa Park à chaque vague. Sauf que là, au lieu de durer trois minutes, ça dure une heure… Enfin arrivés sur le site de snorkeling, je me mets à l’eau et nage instantanément avec une immense tortue marine. Ca s’annonce plutôt bien… Ensuite c’est au tour des requins à pointe blanche de montrer le bout de leur nez, j’en suis un qui me guide à une autre tortue, qui m’amène directement dans l’antre des requins! Je ne sais plus où donner de la GoPro! Les requins sont là, sous les fameux tuneles de lave, pépères à se reposer sous des arches formés par les pierres volcaniques et il faut plonger pour les voir rassemblés dans leur antre… 

 

Puis c’est le tour des hippocampes qui enroulent joliment leur queue autour des branchages de la mangrove et qu’il faut réussir à distinguer tant leur camouflage est réussi. 

Nous voyons aussi passer des raies léopards, majestueuses et dédaigneuses, s’éloignant de nous pauvres snorkeleurs en 2 coups de leurs élégantes ailes.

Le ballet des tortues recommence bientôt avec deux demoiselles qui s’embarrassent peu de notre présence et broutent les algues des rochers entre deux respirations à la surface. Chaque tortue semble avoir sa garde rapprochée de poissons multicolores, manifestement liés par quelque relation symbiotique que j’ignore. 

Le lendemain, l’aquarium de los Tuneles ne décevra pas non plus la deuxième équipe d’explorateurs snorkeleurs. Je me faisais du souci pour Alexis en pensant que le snorkeling dans ces eaux fraîches à slalomer entre les branches de la mangrove et dans les caves grouillantes de requins serait trop difficile et trop long… Pensez-vous! Seul enfant au milieu des adultes, il n’a pas quitté le guide pour être aux premières loges et a suivi pendant 1h15 découvrant tour à tour requins, tortues géantes, hippocampe mignon et raies léopard. Il revient enchanté et intarissable sur sa journée, avec sa propre théorie pour expliquer la présence d’hippocampes sur Isabela: l’île rappelle presque exactement la forme de l’hippocampe! Mais ce qui l’a le plus subjugué ce sont ces raies incroyablement majestueuses à côté desquelles il a pu nager. Il me répète en boucle pendant toute la soirée:

—Tu sais, j’aurai pu les toucher, maman, elles étaient juste à côté de moi!

Je veux bien le croire en voyant la video tournée par son papa…

 

Pendant que Fabrice et Alexis font leur snorkeling à Tuneles, nous louons des vélos avec Diane et partons explorer les environs de Puerto Vilamil. A peine sortons nous de l’axe principal que la vision d’un flamand rose tout proche nous arrache un cri de surprise. On l’observe longtemps râcler les fonds de la lagune de son grand bec crochu.

Plusieurs autres de ses oiseaux majestueux sont dispersés sur la lagune occupés à manger ou à dormir. Le spectacle de l’envol du flamand rose est rare mais à couper le souffle. Il découvre ainsi des plumes d’un noir profond sous ses ailes qui tranchent avec le rose presque fluo du reste. Ces longues échasses ne semblent pas faites pour voler mais il s’en accommode manifestement très bien. Drôle d’oiseau décidément! Vu les dizaines et les dizaines de flamands que nous observons, difficile d’imaginer que cette espèce des Galapagos est en voie de disparition avec moins de 800 individus restants.

 

L’île d’Isabela abrite aussi un centre de croissance des tortues qui sont élevées ici jusqu’à atteindre la taille suffisante pour être lâchées dans la nature, quand elles ne sont plus une proie facile pour les prédateurs. Plusieurs espèces de tortues dont il ne restait que quelques individus ont ainsi été sauvées de l’extinction.

Je m’aperçois au bout d’un moment qu’Alexis a disparu et en revenant sur mes pas, je le trouve immobile, l’oeil collé à son appareil. 

— Mais qu’est-ce-que tu fabriques?!? 

Il me lance un regard indigné…

— Chuuuuut!!! Je filme une course là! Les deux petites tortues elles font la course, tu vois pas???

Euh, non j’avais pas vu, mais effectivement ça décoiffe 😉

 

Une des visite phare de l’île est la randonnée jusqu’au cratère du volcan Sierra Negra le plus proche. Impossible et interdit de s’y aventurer sans guide, et exclu pour nous de se joindre à un tour standard avec les enfants (16 km et 4 heures de marche…) Nous arrivons à trouver une guide privée qui nous propose de faire le petit tour seulement avec nous quatre, à notre rythme! Marché conclu, c’est parti pour le cratère.

En chemin Nelsy, notre guide, nous fait goûter les goyaves, délicieuses, qui ont envahi la pente depuis une trentaine d’années et nous parle de la vie sur Isabela, elle qui y est née il y a 40 ans. La dernière éruption du Sierra Negra date de 2005, celle de Chico de 2008, le volcan Wolf s’est quant à lui réveillé après 30 ans d’inactivité en mai de l’année dernière.

Comme j’ai dit en rigolant à notre guide, il faut être quand même « un poco loco » pour établir un village sur une île composée de 6 volcans encore potentiellement actifs!

On décide de finir en beauté notre séjour aux Galapagos avec une dernière sortie aux Tintoreras, lagune de lave accessible en bateau et avec un guide, à 10 minutes du village. Notre dernière chance de voir les petits pingouins des Galapagos, même si la saison est un peu passée et que la grande majorité est déjà partie nidifier au calme… 

Et là bingo, on en voit deux debout qui nous regardent passer depuis leur rocher, puis on en suit cinq ou six qui « font du snorkeling » selon l’expression d’Alexis, la tête dans l’eau mais sans tuba 😉

Ben voilà, c’est fini… Y’a plus qu’à rentrer sur le continent… Tchao Galapagos, hasta luego!!!

 

 

4 réponses

  1. Flo
    | Répondre

    Juste magnifique les amis… Bon j’hésite quand même un peu à etre jalouse!…. 😛
    Merci pour ces belles images, merci pour le rêve assuré…
    Plein de bisous à vous 4 de nous 4

  2. admin
    | Répondre

    Pour les gilets de sauvetage, aucune logique effectivement! On nous en fait mettre pour un transfert de 3 minutes sur une grande barge hyper stable, et rien pour une traversée de 3 heures sur mer agitée!!! Logique équatorienne?

  3. Papiric
    | Répondre

    Quel beau reportage, bien rythmé, il est passionnant, félicitations au rédacteur qui sait maintenir le suspense entre les photos et le texte.
    J’espère qu’après la lecture d’un tel reportage Mamiçoise va me pousser à fond pour aller visiter les Galapagos, surtout que je connais des passionnés des animaux qui se feront un plaisir de garder deux magnifiques chiens. Il faudra aussi me donner l’adresse du loueur de bateaux qui a des gilets de sauvetage très discrets.

  4. Athané
    | Répondre

    trop bien la course de tortues !

Répondre à Flo Annuler la réponse