El fin del Viaje 

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Dernière semaine, dernière frontière, dernier réveil nous égrenons les dernières fois avec la nostalgie des pages qui se tournent… 

Déjà, les enfants se projettent dans le retour, imaginent les amis, les jouets qu’ils vont retrouver. Des choses jamais mentionnées depuis une année font leur réapparition dans la conversation et il est passionnant de les observer se projeter ainsi dans l’après-voyage. D’une façon finalement assez proche de la nôtre: des crises d’angoisse pour ce qui est de reprendre son rôle dans la société, une sensibilité exacerbée, des souvenirs qui remontent, et tout ce qui ne nous a pas manqué pendant un an et dont l’absence se fait soudain cruelle. Un constat s’impose: on se conditionne à ce qui nous attend, que ce soit par un « réflexe de survie » destiné à favoriser l’acceptation du retour ou par un besoin plus profond de retrouver ses repères après une année sans attaches.

Une semaine à sillonner les plages uruguayennes désertes à cette saison, un adieu à Solaris sur le quai d’embarquement de Montevideo, les derniers jours à profiter des charmes de Buenos Aires — et la boucle est bouclée…

Nous atterrissons à Orly après 3 correspondances et 22 heures de voyage où tous les grands-parents sont là pour nous accueillir — instants précieux de joie et d’émotions.

S’il est encore difficile de saisir tout ce que ce voyage nous aura apporté, trois tendances surnagent qui parlent de confiance, de peur et de simplification. 

Avant tout, voyager donne confiance. En l’humanité, en le capacité de la Terre à réparer les erreurs humaines, en soi. En sa capacité à aller de l’avant et à trouver sa place n’importe où dans le monde. Si l’appréhension de reprendre leur place dans la société s’exprime ponctuellement, les réflexions des enfants démontrent surtout leur confiance en l’avenir et leur impatience à le vivre. Qu’il s’agisse de sauver les baleines ou d’apprendre le chinois, rien n’est impossible. Prérogative de l’enfance bien sûr, quand les peurs sociétales ne viennent pas encore limiter le champs des possibles, mais aussi bénéfice certain du voyage, quand la diversité des expériences et la richesse des modes de vie rencontrés ouvre à l’infini le champ des possibles. Oui, le bonheur émerge même au fond de la plus grande misère. Non, les sourires des enfants ne dépendent pas du dernier modèle de lego reçu — en tout cas pas dans ces pays-là. Quand vous avez vu, compris, intégré cette vérité, votre foi dans l’humanité devient inébranlable, votre confiance dans l’avenir aussi et la peur ne trouve plus guère de prise pour réaliser son travail de sape. 

Car il ne sert à rien de le nier, la peur est aussi une composante du voyage. Même si nous ne l’aurions admis pour rien au monde, nous sommes partis avec l’appréhension au ventre. Toutes sortes d’alarmes pour équiper notre camping-car. Une bombe au poivre anti-agression, des cours d’auto-défense, et même un dérisoire écriteau « chien méchant » bien en évidence derrière le pare-brise. Et la peur bien cachée, tapie au fond du coeur. Le seul moteur pour avancer: ne pas laisser gagner cette peur, déraisonnable, insaisissable, d’autant plus insidieuse qu’infondée. Et force est de constater que cette peur à laquelle il est si facile de céder devant l’écran de sa télé/tablette/téléphone ne trouve plus guère d’écho en soi une fois sur place… Le constat est sans appel: la peur recule uniquement lorsqu’on se met en mouvement et rester immobile — physiquement ou intellectuellement — est le meilleur moyen de la laisser scléroser chaque parcelle de nos vies. 

Le voyage, enfin, simplifie la vie. En particulier celle des femmes, ai-je envie de dire… Plus d’hésitation pour assortir ses chaussures à son sac-à-main. Plus de maquillage, le strict minimum de coiffage. On tourne avec 2 paires de pantalon, 4 T-shirts, 1 paire de baskets et 1 paire de crocs. Le ménage nécessaire dans 10m2 prend au maximum 30 minutes par semaine et les lessives sont « sous-traitées » aux lavanderia de passage. Les contingences matérielles étant réduites au minimum, le temps libéré peut-être employé à mille choses plus importantes, plus enrichissantes, plus épanouissantes que de s’apprêter ou de briquer son intérieur. Même si je n’ai jamais été une grande fan de passer une heure à se préparer dans sa salle de bain, et encore moins une grande lessiveuse d’intérieur, je m’aperçois que le temps consacré à ces activités était malgré tout loin d’être négligeable. Je n’ai pas encore mentionné la télé ou l’internet mais je vous laisse imaginer la débauche de temps libre généré par l’absence de ces deux activités chronophages.

Alors que faire de ce temps libre presque violemment mis à disposition? On découvre, on lit, on explore, on dessine, on écrit, on réfléchit, on profite… on dort aussi! Comme des bébés, et ce dans les lieux les plus improbables 🙂 Finalement, on aimerait penser que l’on devient un peu plus sage et que l’on saura faire perdurer cet état au-delà du voyage, mais malheureusement rien n’est moins sûr tant la société est habile à nous entraîner dans son tourbillon de stress et de consommation…

Il me reste pourtant un dernier voyage, plus personnel, à accomplir avant de replonger dans le travail. A Lisbonne, je retrouve (seule! Quel étrange sentiment…) Jo et Helle, mes deux amies d’un lointain premier voyage autour du monde. S’il est parfois difficile de transmettre ce que nous avons vécu cette année, ces âmes voyageuses savent capter l’essentiel, bien au-delà des mots. Grâce à elles, j’échappe à la frustration de ne pouvoir encore mettre les bons mots sur ce que le voyage nous a apporté, et je clos cette année de pérégrinations la plus belle façon qui soit…

Merci à tous de nous avoir suivi, et à bientôt sur les routes!

 

 

8 réponses

  1. Blanc morgane
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    Je viens de tomber sur votre camping car. Garé juste à côté du notre à ploumanach. Votre logo est très semblable au logo d une.amie qui est elle aussi parti pendant 18 mois en camping.car avec son chéri et ses deux enfants. 🙂 j ai retrouvé certain auto-collant qui m’a bien mi en.doute sur ce camping car. C’est en la.contactant que j’ai compris que c’était une autre famille voyageuse !!
    Me.voilà.sur votre blog !!! Bravo !!!

  2. NicoDeco
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    J’en aurai mis du temps à répondre….. peut-être le faite d’être dans un car direction Bonfol.
    Ouais…vraiment de bien belles paroles qui nous font croire encore à l’humanité toute entière. Je pense effectivement que si les gens se donnent la peine de bouger et d’aller voir plus loin que leurs bouts du nez et bien oui l’enrichissement sera bénéfique pour la terre entière. Encore merci pou tout ça fait du bien. Que la vie vous soit douce. Bisousssss

  3. Damien
    | Répondre

    Magnifique épilogue d’un magnifique voyage! Je ne peut qu’être d’accord avec toi lorsque tu dis que la peur recule lorsqu’on avance. Il y a tellement de gens qui ont peur du monde « extérieur » qu’ils ne voient qu’à travers le bout de la lorgnette qu’est la télévision ou internet. Votre voyage est la preuve que non, l’être humain n’est pas, d’une manière générale, aussi épouvantable que ce que l’on veut nous faire croire, et pour cela, nous vous en sommes extrêmement reconnaissant. Gros bisous.

  4. Aguilera Marie-Claude
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    On vous a suivi, admiré pendant toute cette année. Mais on est content de vous savoir de retour et que tout se soit bien passé

  5. jess
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    je découvre votre site lorsque vous terminez ce voyage… j’aime aussi lire comment les gens rentrent, comment ils vivent leur retour, ce qu’ils en retiennent, le temps qu’ils mettent à replonger dans la routine, la manière dont ils retrouvent ceux qui les ont suivi de loin mais qui ont continuer à vivre de la même manière pendant cette période qui est passée encore plus vite que ce que nous avions imaginé!
    j’en retiens un mot « la confiance »: en soit, en les autres, en ce monde… quand on rentre l’inconnu de nous fait plus peur, gardez ça à l’esprit, que ce décalage momentané avec le reste du monde puisse durer encore un peu, que les odeurs de « là-bas » restent encore un peu sur les petits riens rapportés et que l’envie de repartir prenne patience…
    Bon retour, moi je file lire encore un peu de votre aventure! 😉

  6. Moustique
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    Voilà une année ou ont a voyagé un peu avec vous. Que le temps passe vite !

    Vous nous avez fait découvrir des lieux magnifiques, ok, par vos photos et par google maps, mais, le voyage que nous avons vécu « à travers vous » était magnifique.
    Bref, tout ceci va nous manquer, enfin, ME manqué, mais je pense que tous ceux qui vous ont suivi seront de mon avis 🙂

    Merci pour tous ces bons moments.

    • Veronique
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      Merci fidèle moustique suiveur…
      Savoir que notre voyage a pu être un peu vécu par d’autres par procuration nous fait très plaisir!
      Bises et bonnes vacances 😉

  7. Mamiçoise
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    Belle conclusion, pleine de sagesse, de philosophie et d’espérance !

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