Descente vers le Sud

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Après Valdès, nous croisons moins de voyageurs, les espaces immenses de la Patagonie diluant les routes des uns et des autres, amenuisant dès lors les chances de se rencontrer par hasard. Le plaisir de bivouaquer dans des paysages grandioses, seuls au milieu de la nature compense largement le manque de contacts sociaux. La proximité animale remplace (parfois avantageusement 😉 ) le contact avec nos congénères et notre route dans la Patagonie australe est jalonnée de rencontres avec une faune magnifique, insolite, amusante… et parfois effrayante!

A Punta Ninfas, nous approchons de tout près les éléphants de mer qui se prélassent sur le sable. Après les avoir vu seulement de loin dans la péninsule Valdès, une descente assez sportive dans la falaise escarpée nous les fait approcher à quelques centimètres. Ils ne font pas montre d’une activité fulgurante, certains ne bougeant pas d’un millimètre pendant les deux heures que nous passons près d’eux. Leur morphologie pas spécialement élancée témoigne de cet art de l’immobilisme poussé à l’extrême…

Mais ce serait injuste de les cantonner à ce rôle de gros boudins paresseux. Capable de chercher leur nourriture à plus de 1500 mètres de profondeur en restant 2 heures sous l’eau, l’éléphant de mer se révèle l’un des meilleur plongeur en apnée des mammifères marins. Seul le cachalot qui pêche le calamar géant à des profondeurs abyssales de 2000 mètres le bat…

Un peu plus au sud, Playa Union nous offrira un ballet de dauphins de Commerson d’une élégance aérienne. Ils s’en donnent à coeur joie et leurs cabrioles dans les vagues à côté des bateaux font hurler de joie les enfants. Agiles, rapides, espiègles, la nature les a doté de toute la légèreté qui semblait tant manquer aux éléphants de mer.

 

Nous décidons de zapper Punta Tumbo, cher et très touristique pour rejoindre Cabo dos Bahias. Les quasi 100 km de piste défoncée, nous font vite comprendre pourquoi les touristes se pressent à Punta Tumbo pour admirer les petits manchots de Magellan! Cabo dos Bahia se mérite, mais nous ne regrettons rien tant son emplacement isolé se révèle unique et grandiose.

Son impressionnante colonie de manchots justifie à elle seule chacune des pierres du trajet… D’une élégance folle dans leur tenue blanche et noire « maître d’hôtel », il y en a tant que nous ne savons plus où regarder!

Nous découvrons les premiers bébés qui viennent d’éclore il y a seulement quelques jours. Affamés, ce sont leurs petits cris sur-aigüs qui ont d’abord attiré notre attention. Il faut de la patience pour les apercevoir tant leurs parents les couvent avec soin pour les protéger des prédateurs ailés qui rodent pas loin. Il faut dire que ces minuscule boules de poils appétissantes sont vraiment sans défense… Le mode de vie de ces manchots nous laisse songeur: fidélité à vie des deux partenaires, couvaison, éducation et tâches ménagères partagées, ils incarnent le parfait modèle familial!

 

Grâce à notre balise, nos amis allemand nous retrouvent le lendemain, le temps de partager quelques plaisirs gastronomiques autour d’un atelier gâteau au chocolat, suivi d’une initiation pour pizzaiolos en herbe…

 

Mais le point d’orgue de cette descente australe est sans conteste la découverte du petit coin de paradis qu’est Puerto Deseado. Petite ville paisible éloignée des axes principaux, le temps semble s’y être arrêté autour des épaves de bateaux rouillés qui jonchent ses plages. Résolument tournée vers la mer, son église sert avant tout de phare pour les bateaux. Sise au bord d’une impressionnante formation géologique, Puerto Deseado occupe les bords de ce « ria » creusé par un fleuve asséché il y a 10’000 ans et aujourd’hui investi par les eaux marines et quantités d’espèces d’oiseaux, de dauphins, de manchots de Magellan et de lions de mer.

Nous partons explorer l’Isla de los Pinguïnos avec Darwin Expediciones, guidés par Roxana qui se révèle une guide passionnée et passionnante…

Cette expédition nous plonge dans un remake du dessin animé favori des enfants: c’est « Happy Feet » comme si on y était!

En arrivant sur l’île, Diane qui ne tient plus en place nous lance un impatient: « Bon, quand est-ce-qu’on déborde? » Ce joli mix entre débarquer et aborder nous fait bien rigoler… Surtout que le débarquement sur cette île aux côtes inhospitalières dans une houle très prononcée est plutôt sportif et qu’il faudra toute l’habileté du capitaine pour nous « déborder » en toute sécurité…

Nous nous lions vite d’amitié avec Roxana qui nous explique la vie de ces adorables gorfous sauteurs. On comprend mieux la raison de leur nom quand on les voit se déplacer en sautant à toute allure, dans les passages les plus improbables…

 

Ces oiseaux ne nichent pas sur le continent, et il faut normalement aller jusqu’aux îles Malouines pour les trouver, mais il y a une trentaine d’année cette colonie de près de 1000 individus, a élu domicile ici à quelques kilomètres des côtes de Deseado. L’île abrite aussi une colonie de manchots de Magellan, de lions de mer et beaucoup de cormorans, de pétrels géants, d’albatros… et de labbes. Je me ferai littéralement attaquer par un de ces labbe d’un grand coup de patte sur la joue parce que je suis passée trop près de son nid… On est sur leur territoire ici, et ils se chargent de nous le rappeler si besoin!

 

Dans cet environnement, Alexis développe les réflexes du parfait petit ornithologue. Il lance des phrases définitives avec tout l’aplomb de ses 7 ans: « tu comprends maman, moi ce qui m’intéresse ce sont les becs, parce que tu peux bien voir les différences entre les différentes mouettes ». Il se met à cocher les oiseaux dans son guide après une scrupuleuse observation, refuse de cocher si un doute persiste, se révèle prêt à parcourir des kilomètres à pied ou à rester en embuscade des heures durant pour voir un nouvel oiseau, se montre attentif aux moindres différence de plumage ou de bec et ne quitte plus ses jumelles. A tel point qu’on le retrouve  au petit matin, en pyjama, à scruter méthodiquement le large…

Roxana parle très bien le français et pendant les quelques jours de notre séjour à Puerto Deseado les enfants se rapprochent beaucoup d’elle, au point de ne plus vouloir la quitter… On se verrait bien rester à boire des cafés en sa compagnie, mais l’appel de la Patagonie australe se fait plus insistant et nous mettons le cap sur la prochaine étape, malgré les larmes des enfants.

 

 

 

 

6 réponses

  1. Famille MATHIEU
    | Répondre

    Martine et Christian ,

    Que du bonheur …..
    On suit votre aventure humaine et vos reportages d’une extrême richesse avec beaucoup d’intérêt et de convoitises ….
    Nous voilà en pleine période de fêtes de Noël , nous pensons que vous vous allez aussi à votre manière fêter cet événement qui aura une saveur particulières si loin de nos rituels habituels .
    En tout cas merci de nous faire projeter vos émotions , déjà 6 mois de passé mais c’est avec un immense plaisir que nous continuerons à partager votre projet .
    On vous fait de grosses bises et vous souhaitons un joyeux Noël .

  2. Audery&Laurent
    | Répondre

    Quel depaysement ! Merci à tous les deux pour les photos, vraiment on se régale. Nous partons direction aveyron &Co. La tournée de Noël commence !
    On vous souhaite de bonnes fêtes à défaut de pouvoir vous joindre, on pensera bien à vous au Sud du Sud.

  3. Claude et Georges Hatteau
    | Répondre

    Nous sommes sous le charme de vos photos et de vos commentaires.
    Nous vous félicitons d’avoir pris cette belle initiative.
    Et comme nous aimerions en faire autant…..
    Bonnes fêtes sous le ciel de Patagonie.
    Bien à vous
    Claude et Georges de Parignargues

  4. Fatima
    | Répondre

    C’est extraordinaire de suivre votre aventure ! Merci pour ce blog ! Gros bisous. Fatima

    • admin
      | Répondre

      Quelle belle surprise de voir que tu nous suis! Merci à toi et tous mes voeux pour cette nouvelle année…

  5. Jean-Bernard
    | Répondre

    Avec ces commentaires époustouflants, ces photos instructives, nous voyageons avec vous tous les jours. Dans nos rêves, nous « débordons » avec Diane, Alexis et vous dans ces contrées merveilleuses. Merci de nous faire partager vos expériences uniques. Profitez bien. Nous vous embrassons. Jean-Bernard.

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